
CŒUVE Collectionneur, Didier Oeuvray a chez lui une véritable caverne d’Ali Baba. Il conserve toute une série d’objets anciens glanés dans les brocantes et vide-greniers. Clou de la collection: près de 1800 boules de Noël dont la plus ancienne date de 1880. En décembre 2014, l’Ajoulot avait même reçu la chaîne de télévision française TF1 qui réalisait un sujet pour le journal de 13 heures de Jean-Pierre Pernaut… et qui a d’ailleurs récidivé en 2020!
Ça fait des années que Didier Oeuvray collectionne les boules de Noël. «Tout petit déjà, je ramassais, triais, faisais des séries. En un mot, je gardais et je garde encore» sourit le passionné. Ses acquisitions, il les fait dans les vide-greniers et les brocantes aux alentours, l’œil à l’affût du moindre objet soufflé et coloré. Toutes formes et couleurs sont réunies dans de précieux cartons soigneusement rangés dans la partie supérieure de sa maison.

Il y a une quinzaine d’années, l’Ajoulot manque de motivation au moment de faire son traditionnel sapin de Noël. Didier Oeuvray décide alors de créer un autre type de décoration. Il sort sa collection et place les boules un peu partout dans la maison, dans des plats, des assiettes ou autre. Et ça plaît. Germe alors l’idée d’une exposition pour marquer l’anniversaire de ses cinquante ans. C’était en 2012. Sa maison de Cœuve, préparée pendant de longs mois, transformée en un endroit féerique, recevra la visite de plus de 1200 personnes en dix jours. Les 5000 francs collectés à cette occasion seront reversés à une oeuvre caritative en Albanie.
Chasser les mauvais esprits
«Regardez le détail, celle-là est minuscule, délicate. Entre les années 1930 et 1950, les boules étaient nettement plus variées, plus petites, s’enthousiasme le collectionneur. Quatre-vingts pour cent des boules de Noël vendues sur le marché sont fabriquées en Allemagne de l’Est qui n’a jamais cessé d’exporter, même aux États-Unis. Les boîtes en attestent.»
À l’origine, les toutes premières décorations de Noël étaient constituées de fruits tels que des pommes ou des oranges. Selon la légende, ce serait à la suite d’une mauvaise récolte de pommes qu’on aurait eu l’idée de les remplacer par des boules de verre soufflé. Certaines pouvaient même parfois avoir une signification. En Allemagne par exemple, on produisait des kugels qui étaient destinées à protéger la maison des mauvais esprits.

Dans les années 1970, les productions ont été standardisées. Ce n’est que depuis la chute du mur de Berlin, dans les années 1990, que les fabricants ont recherché des modèles plus variés. Pour donner le côté brillant aux boules, les producteurs injectent une solution d’argent à l’intérieur de la sphère. À l’extérieur, la décoration est parfois peinte à la main directement sur le verre, ce qui laisse libre cours à l’originalité. Aux produits en verre viennent s’ajouter les boules en fil de soie. Pour Didier Oeuvray, toutes sont intéressantes, mais il recherche surtout les plus anciennes, quelle que soit la forme: lanterne, bateau, montgolfière, pomme de pin ou de cloche. Pourvu qu’elles soient vieilles et en verre.
Changement de cap
Fonctionnaire pendant trente-six ans, économiste de formation, Didier Oeuvray a décidé de changer de cap. Au début l’année 2014, il a ouvert un dépôt-vente à Alle (EDIT: il a depuis lors déménagé à Porrentruy) dans lequel il propose des objets de seconde main . «J’en avais marre des fichiers Excel. J’ai tout quitté pour m’adonner à ma passion, les objets anciens.» Et les boules ? «Elles ne sont pas à vendre!»
Danièle Gelin
Article paru dans notre édition abonnés n° 22 du 11 décembre 2014