Américaine sur les bords mais ajoulote en son cœur

Alexandre Morel (à gauche) et Maël Theubet, les fondateurs de la Blackwood Brewery. © Blackwood Brewery
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FAHY Blackwood Brewery: ce nom qui fleure bon l’Ouest sauvage, c’est celui de la dernière-née de micro-brasseries ajoulotes. Deux ans après leur premier brassin, ses fondateurs Maël Theubet et Alexandre Morel s’apprêtent à augmenter leur capacité de production pour répondre à une demande qu’ils ne parviennent plus à satisfaire.

Avec son nom, son logo sur fond noir et sa gamme d’où émergent une American Pale Ale et une American Wheat, on la dirait tout droit sortie d’une ferme du Middle West, au bout d’une route poussiéreuse où circulent quelques rares pick-ups. Et c’est presque ça. Sauf que la ferme est située à Fahy, et que la route est goudronnée. Cela dit, toute ressemblance avec un produit «made in USA» n’est pas fortuite. Car c’est bel et bien en Californie, lors d’un voyage entre potes, que Maël Theubet et Alexandre Morel, les créateurs de la Blackwood Brewery, ont décidé de se lancer dans l’aventure de la bière artisanale. Et c’est à l’ombre des grands arbres de Sequoia National Park qu’ils donné son nom à leur future entreprise.

Cela se passait en 2018, et en deux ans, la Blackwood Brewery a déjà parcouru un joli bout de chemin. Au téléphone, Maël et Alexandre, 23 ans chacun, se souviennent en riant de leurs premiers brassins «vraiment pas terribles» et de leurs essais cent fois remis sur le métier. «D’ailleurs il nous en est resté quelque chose, constate le premier. Même aujourd’hui on a du mal à sortir une nouvelle bière, on a toujours envie de l’améliorer encore et encore. C’est un univers tellement vaste, on en apprend tous les jours!»

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Créer une communauté

La tendance est au local et à l’artisanal, et sur cette vague la petite entreprise prend rapidement son envol. En janvier 2019, les deux compères passent à la vitesse supérieure. Mieux équipés, ils produisent désormais 100 litres, c’est-à-dire 300 bouteilles, par brassin. Leur gamme s’étoffe petit à petit: en plus de leurs deux «classiques», ils mettent sur le marché des bières éphémères: l’Ambrée à la fleur de sureau, la Raspberry fields (bière blanche à la framboise), ou encore la Père Blackwood, leur bière de Noël.

Autant que le contenu de leurs bouteilles, Alexandre et Maël soignent l’emballage, au sens large du terme, avec une présence active sur les réseaux sociaux notamment. «La seule qui est payée pour l’instant c’est notre graphiste, qui fait un super boulot. Mais c’est qu’on n’aimerait pas juste vendre des bières, mais créer une véritable communauté autour de la brasserie.» C’est ainsi que ce printemps ils ont lancé, avec succès, une opération parrainage pour les 20 plants de houblon qu’ils ont mis en terre. «On a aussi semé de l’orge l’automne passé pour à terme avoir notre propre malt», poursuit Maël.

Le tournant du professionnalisme     

Mais aussi passionnés soient-ils, Maël Theubet et Alexandre Morel n’ont pas que la bière dans leur vie. Le premier, horticulteur diplômé, jongle entre un temps partiel à la Fondation des Castors et un autre dans la ferme familiale qu’il a reprise avec une associée – c’est là que la Blackwood Brewery a ses quartiers. Le second exerce à plein temps son métier de technicien en informatique dans une entreprise bruntrutaine. Et désormais, leurs week-ends ne suffisent plus à satisfaire la demande: «Parfois on brasse de six heures du matin à 18 heures, et à peine les bouteilles sont prêtes qu’elles sont parties!», s’exclament les deux amis. Une bonne partie des ventes se fait via le site internet, mais leurs bières sont également disponibles – en temps normal – dans plusieurs commerces et bars de la région.

Reste que «vendre 100 bouteilles en une journée, c’est énorme pour nous, mais ce n’est pas avec ça qu’on peut gagner notre vie», constate Maël Theubet. Autrement dit, la Blackwood Brewery est maintenant à un tournant, et les deux amis savent exactement quelle direction ils souhaitent prendre: «On aimerait si possible d’ici la fin de l’année passer sur du semi-professionnel», indique Alexandre Morel. Cela implique la création d’une Sàrl (les démarches ont été lancées), un déménagement sur Porrentruy (ils sont à la recherche de locaux) et l’achat de matériel d’une capacité supérieure (un financement participatif est envisagé). To be continued, donc, comme ils disent en Californie.

Claire Jeannerat

Article paru dans notre édition abonnés n° 542 du 23 avril 2020

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