
COEUVE Le concours suisse de direction a distingué une nouvelle fois cette année de jeunes chefs d’orchestre. Parmi eux, Boris Oppliger, installé depuis trois ans à Porrentruy et qui dirige trois ensembles, dont le brass band ajoulot La Covatte depuis 2017. Portrait d’un passionné.
Organisé tous les trois ans, le concours suisse de direction s’est déroulé du 15 au 18 septembre, à Suhr (Argovie). Il s’adresse aux directrices et directeurs d’harmonie, fanfare et brass band. Seul prérequis: être âgé de 35 ans maximum. C’est le cas de Boris Oppliger, 31 ans, qui a fini 3e du concours, aux côtés d’Émilie Chabrol, directrice de l’Union Instrumentale Delémont, et de Gaudens Bieri (Grisons), qui ont remporté respectivement les 1er et 2e prix.
Un parcours d’exception…
Boris Oppliger signait là sa deuxième participation au prestigieux concours. «J’étais le plus jeune en finale et j’ai fini 3e comme en 2019. Pour postuler, j’ai envoyé un dossier,
avec CV, lettre de motivation, et des enregistrements vidéo de concert live et de répétitions pendant lesquels je dirigeais.» Son curriculum vitæ déroule les étapes d’un parcours sans faute: après le lycée, le jeune homme, mi-Bernois, mi-Tessinois, a participé à la fanfare militaire, avant de suivre des études de musique à Berne. Il vit à Porrentruy depuis trois ans et est à la tête d’une chorale et de trois ensembles: l’Ensemble de Cuivres La Covatte, la fanfare de Montsevelier et l’Ensemble de Cuivres Jurassien B. Le trompettiste-cornettiste est aussi professeur de musique.
… Pour un concours d’élite
Sur une vingtaine de candidats, la moitié ont été retenus, dont trois membres de la Fédération jurassienne de musique (FJM). «Les quarts de finale ont eu lieu sur deux
soirées: on devait faire une répétition de 20 minutes sur une pièce que l’ensemble ne connaissait pas. Les musiciens ont fait une lecture à vue. Nous étions jugés sur la méthode, la communication et le langage corporel.» Pour la demi-finale, les participants ont dirigé une pièce, avec un brass band d’élite: «Nous n’avions que cinq minutes pour répéter avec l’ensemble et on devait présenter cette pièce dans les conditions d’un
concert. Cette épreuve mesure notre efficacité et notre capacité à transmettre la plupart des informations en non-verbal.» Enfin, au dernier jour du concours, les trois finalistes ont dirigé l’harmonie «Sinfonisches Blasorchester Bern», devant le jury composé de Carlo
Balmelli (Suisse), Chiara Vidoni (Italie) et Annick Villanueva (France). C’est au terme de cette ultime épreuve que Boris Oppliger a remporté la troisième place.
Mentalement épuisant
Une consécration: «Après deux années marquées par le covid, j’avais besoin d’un objectif pour lequel je devais travailler à fond. Je suis heureux d’être allé aussi loin. Bravo aux organisateurs qui montent tous les trois ans cet événement dédié aux experts. Personnellement, je suis ravi car j’estime avoir atteint mon objectif! La semaine du concours a été très intense, mentalement épuisante, mais j’ai pu travailler avec trois
excellents ensembles.» Quelles sont les qualités requises pour être un bon chef d’orchestre? «Les compétences musicales sont les plus importantes. Il faut ensuite
savoir gérer l’humain, il faut avoir de bonnes capacités de communication et d’organisation. Sans oublier l’imagination, la créativité musicale. Enfin, nous n’avons pas droit à l’hésitation: il faut savoir exactement ce qu’on veut. Le langage corporel ne ment pas: les musiciens sentent si le doute s’immisce», assure celui qui dirige ses trois ensembles d’une
main de maître et qui se montre très actif dans le recrutement des nouveaux membres.
Il n’exclut pas une dernière participation, lors de la prochaine édition du concours suisse de direction, en 2025. Boris Oppliger – qui n’aura pas encore atteint l’âge limite des 35 ans
– aura tout loisir de montrer l’étendue de son talent, une fois encore.
Caroline Libbrecht