Chapelle Sainte-Croix, du passé glorieux à la déshérence

Michel Hauser, historien et auteur du livre "Chapelle Sainte-Croix, témoin d’art et d’histoire" (Éditions des Malvoisins). Photo: Victor Schweizer © Editions L’Ajoie SA
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FONTENAIS Après son livre sur la chapelle de Lorette à Porrentruy, Michel Hauser s’intéresse cette fois à la chapelle Sainte-Croix, à Fontenais. Il vient de lui consacrer un livre (Editions des Malvoisins). L’historien y révèle les secrets de cet édifice aux origines mystérieuses et à l’avenir incertain.

Michel Hauser, pouvez-vous nous présenter la chapelle Sainte-Croix de Fontenais?

Ses origines remontent au XVe siècle, avec une construction vers 1440. Une légende voudrait qu’on ait trouvé dans le terrain un reliquaire contenant des restes de la Sainte Croix mais rien, au point de vue historique, ne vient étayer cela. Dans le livre, je m’interroge justement sur les origines de cette chapelle: pouvoir avoir construit un sanctuaire, en rase campagne, en dehors de toute localité? Peut-être est-ce lié à cette découverte… Ou à des raisons liées à des conditions de circulation. C’est l’une des interrogations qui subsiste sur cette chapelle.

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Vous évoquez des origines légendaires. En tant qu’historien, quel est votre apport quant au reliquaire en argent trouvé au lieu-dit?

Je me suis focalisé sur deux angles d’attaque. D’une part, j’ai tenté de faire le point sur ce que les documents historiques disent sur les origines de cette chapelle, notamment au XIXe siècle, avec des auteurs tels que Joseph Trouillat et Louis Vautrey. L’autre approche, sous l’angle de l’histoire de l’art, s’intéresse à l’interprétation de l’édifice lui-même. Que dit l’architecture? De ce point de vue, nous sommes gâtés, car le chœur de la chapelle comporte des peintures murales du XVe siècle, et d’autres datant de 1523. À partir de ces éléments, j’arrive à cadrer un peu mieux les origines et le processus de développement de cette chapelle, à la fin du Moyen-Âge.

D’où viennent vos sources? Sur quels travaux vous-êtes vous basé?

J’ai fait le point sur la littérature existante, et sur les sources d’archives: les Archives de l’Ancien Évêché de Bâle, pour l’Ancien Régime, les Archives paroissiales de Fontenais, les Archives communales de Fontenais puisque la chapelle était propriété de la commune… La chapelle Sainte-Croix de Fontenais était un haut-lieu de pèlerinage et de procession, avant d’être éclipsée par la chapelle de Lorette, aux XIXe et XXe siècles. La paroisse de Porrentruy s’y déplaçait, parfois avec le Prince-évêque en tête. Son rayonnement dépassait largement le cadre de Fontenais.

Qu’est-ce qui vous a amené à écrire cet ouvrage?

Je m’étais déjà intéressé à la chapelle de Lorette, habitant à 200 mètres de là. Conservateur des monuments du canton et responsable de l’Office de la culture, une fois en retraite, je me suis consacré à l’écriture d’un livre sur la chapelle de Notre-Dame de Lorette, en 2019. Puis, s’est présentée l’opportunité de m’intéresser à la chapelle Sainte-Croix, dont j’avais géré la réfection de la toiture, dans le cadre de mon travail, en 1985-1986. Je considère la chapelle Sainte-Croix de Fontenais comme l’un des monuments de campagne parmi les plus marquants en Ajoie, du point de vue architectural et du point de vue du décor artistique.

 En quoi l’avenir de la chapelle Sainte-Croix de Fontenais est-il compromis?
Depuis le milieu du XXe siècle, elle n’est plus utilisée dans des buts religieux, donc son propriétaire légal, la paroisse de Fontenais, n’en a plus l’utilité pour les besoins du culte. Des habitants s’interrogent sur son avenir. Un groupement s’est constitué pour la réhabilitation du bâtiment. Pourquoi pas lui donner un but culturel, y organiser de petites manifestations telles que des concerts ou des expositions? Ce n’est pas de mon ressort, mais je salue la perspective de donner un nouvel avenir à cet édifice.

Propos recueillis par Victor Schweizer

Livre: Chapelle Sainte-Croix, témoin d’art et d’histoire (Éditions des Malvoisins)

Carte d’identité:

Âge: 66 ans.

Domicile: Porrentruy.

État civil: Marié, trois enfants.

Parcours professionnel: Chef de l’Office du patrimoine historique de la République et Canton du Jura (devenu Office cantonal de la culture), de 1996 à 2015. Représentant de la République et Canton du Jura au Conseil de la Fondation des Archives de l’Ancien Évêché de Bâle, de 1996 à 2014.

Emploi actuel: Retraité. Auteur de divers articles et publications ayant trait à l’histoire, ainsi qu’à la conservation des biens culturels dans le canton du Jura.

 

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