Dans les souvenirs de Michel Marchand

Michel Marchand
Michel Marchand, ici devant la Collégiale, s’est établi à Saint-Ursanne en 1984. Copyright: Kathleen Brosy, Editions L’Ajoie
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L’artiste local Michel Marchand a réalisé une nouvelle fois l’affiche de la 77e édition de la Course de côte internationale des Rangiers, cette année. L’occasion pour lui d’aborder son lien avec cet événement automobile jurassien.

L’histoire d’amour entre le peintre du Clos-du-Doubs et la Course de côte internationale des Rangiers débute en 1955, année durant laquelle la manifestation est déplacée sur le tronçon Saint-Ursanne-Les Malettes – jusque-là, les coureurs reliaient depuis 1926 Develier aux Rangiers. Le jeune Michel est âgé de 5 ans en 1955. Sur une terrasse à Saint-Ursanne, le peintre se souvient: «Mon papa avait un chalet à La Caquerelle. Nous nous y rendions souvent. C’est là que j’ai vu des bolides pour la première fois, lors de cette édition.» Le petit Jurassien est subjugué par le spectacle qui se tient sous ses yeux: «Les roues des
automobiles étaient aussi grandes que moi! Les moteurs faisaient un énorme bruit lorsqu’ils étaient mis en marche. Ce ronflement était complètement fou. Je me trouvais à la hauteur des voitures, les décibels étaient donc beaucoup plus forts que pour un adulte. Je me rappelle que les enfants faisaient presque des sauts lorsque les moteurs étaient allumés. Pour moi, c’était totalement un autre monde.»

De plus, le petit Michel est ébloui devant «le look d’enfer des coureurs, avec leurs casques et lunettes en facette». Celui qui a posé ses valises à Saint-Ursanne en 1984 et qui n’a
plus quitté la petite cité médiévale depuis se remémore: «Il s’agissait d’artistes. Ils portaient des combinaisons une pièce, des gants et des blousons en cuir, des foulards autour du cou ainsi que des bottes. Je n’avais jamais vu ça!» Depuis cette année, la passion pour l’automobile et la manifestation régionale ne l’a jamais quitté. «Je n’ai
pas raté une seule course depuis, je les ai toutes faites», sourit-il fièrement.

 Les Rangiers
L’affiche de cette année rend hommage aux mécaniciens. Copyright: course de côte internationale Saint-Ursanne – Les Rangiers
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Clark, Lafitte, Bonnier, Siffert ou encore Régal

Pour notre rencontre, Michel Marchand a préparé une liste des dates qui l’ont marqué depuis qu’il a découvert la course. «En 1965 par exemple, j’ai vu le pilote britannique Jim Clark.» Durant cette édition, 30 000 personnes assistent à la course sous une pluie battante. En 1978, il partage un moment avec le Français Jacques Laffite. Le peintre côtoie également le Suédois Joakim Bonnier, mais aussi le Suisse Joseph Siffert: «C’était quelqu’un de très simple. J’ai fait sa connaissance à l’école de recrues», s’amuse-t-il. Autre anecdote à raconter: le Jurassien se souvient notamment du 16 août 1985, lorsque son fils Pablo, également passionné par le monde automobile, voit le jour: «Il est né pendant la course. Je suis allé à l’hôpital, puis je suis revenu à SaintUrsanne et j’ai fêté ça», partaget-il en riant. Il y a enfin l’édition noire de 2010 durant laquelle le pilote français Lionel Régal décède en pratiquant sa passion aux Rangiers, après avoir perdu le contrôle de son véhicule: «J’ai partagé un beau moment avec lui et le lendemain, il a eu ce
terrible accident. C’est une sensation très étrange.»

«Une vraie famille»

Il faut dire que le peintre deSaint-Ursanne entretient un lien particulier avec les coureurs: «Je les connais presque tous, tout comme les mécaniciens. Nous croisons toujours
les mêmes.» Ce qu’il apprécie particulièrement dans la course jurassienne, c’est d’ailleurs le contact, l’aspect humain. Il explique: «Les coureurs sont très accessibles. J’aime partager un petit moment avec eux. Tout le monde connaît, tutoie et aide tout le monde dans le milieu. Nous sommes une vraie famille.»

Kathleen Brosy

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