PORRENTRUY Partons à la rencontre de Sébastien Piquerez, l’une des figures du comité du FC Porrentruy, dont il est le vice-président et le caissier. Le trentenaire nous raconte sa relation au football, son parcours et sa maladie qui l’accompagne depuis l’enfance. Portrait d’une personnalité passionnée… et passionnante.
La chienne Zara, intrépide labrador, nous accueille chaleureusement, la première sur le pas de la porte du domicile de Sébastien Piquerez. D’une manœuvre habile avec son fauteuil roulant, ce dernier nous guide jusqu’à sa cuisine. Depuis sa naissance, Sébastien est atteint de la myopathie de Becker, une maladie neuromusculaire qui affecte sa force musculaire et sa capacité à marcher. Bien qu’il n’y ait pas de remède, il existe des traitements qui peuvent aider à améliorer la qualité de vie des personnes atteintes et rallonger l’espérance de vie. Son petit frère, Thibaut, de deux ans son cadet, est lui aussi atteint de la même maladie.
C’est au début des années 2000, que l’on décèle la myopathie de Sébastien. «Lorsqu’à 10 ans, le médecin te dit qu’à peine la vingtaine entamée, tu ne marcheras plus et tu seras en chaise roulante, cela te semble inimaginable. Le plus déconcertant c’est que tu n’as sur le moment aucune difficulté tant à marcher, courir, sauter, qu’à monter les escaliers, cela te semble impensable.»
Exemplaire
Notre interlocuteur, âgé de 30 ans, est un exemple de courage et de détermination pour tous ceux qui luttent contre une maladie ou une situation difficile. Il est important pour l’actuaire de profession d’avoir l’esprit occupé. «Je pense que prendre part à mes activités extra-professionnelles, tant au FC Porrentruy qu’aux Jeunes du Centre, me tire en avant, de même les personnes qui y sont liées. J’apprécie être engagé, et ne fais pas cela pour la reconnaissance. J’ai besoin de ces activités afin de rester motivé, et de continuer à avancer.»
La myopathie, on l’aura très vite compris, est considérablement contraignante. Sébastien a besoin de plus de temps pour s’habiller et se déplacer. «Faire un saut au Stade du tirage, dans les 5 minutes, ce n’est pas vraiment réalisable pour moi.» Ce n’est toutefois pas sa maladie qui empêchera Sébastien de mener une existence semblable à celles de ses amis et camarades de classe. Sa maturité en poche, le Bruntrutain est parti étudier au bord du Léman à la Haute École de Commerce de Lausanne. Université où il a obtenu un Master en Sciences actuarielles. Il a ensuite décroché un poste d’actuaire dans une compagnie d’assurances à La Chaux-de-Fonds. «L’uni, c’était une période fantastique, j’en garde de très bons souvenirs. Tout d’abord, c’était la liberté et il y avait aussi une certaine ouverture d’esprit liée à mon handicap.»
Le football, sa passion
Bien qu’il n’ait pu jouer au football très longtemps à cause de sa maladie, Sébastien a véritablement attrapé le virus du ballon rond. «J’apprécie de me rendre dans les plus grandes villes d’Europe et assister à des matchs comme à Barcelone, Amsterdam ou à Munich.» Sébastien est vice-président du FC Porrentruy, le bras droit du président Emmanuel Giupponi et il lui tient à cœur d’occuper la place de responsable financier. «Étant habitant de Porrentruy, j’ai toujours été un grand fan du FCP. Je me souviens encore avec délice d’un match de Coupe de Suisse face au FC Thoune.» Le Bruntrutain garde aussi en souvenir le passage d’un certain Foued Soltani: «Un joueur qui apportait de la folie sur le terrain, c’était magique.»
Un rêve américain
Issu d’une famille où la politique a toute son importance, c’est tout naturellement que Sébastien Piquerez s’y est intéressé. En 2019, l’Ajoulot s’était lancé dans la course aux élections fédérales pour le conseil national. «J’en garde de très bons souvenirs, débattre face à des politiciens tels que Pierre-Alain Fridez, distribuer les croissants à 5h30 en gare de Delémont, ou encore passer à la radio et à la télévision… C’était très enrichissant», confie-t-il. Parallèlement à son engagement en tant que vice-président du FC Porrentruy, Sébastien est aussi secrétaire-caissier des Jeunes du Centre. Enfin «si tout se passe bien», l’an prochain, Sébastien devrait prendre la présidence du Conseil de ville de Porrentruy, où à trente ans seulement, il effectue déjà sa troisième législature.
Et quels sont ses autres projets pour cette année? «J’envisage, avec deux de mes cousins, de me rendre aux Etats-Unis, sur la côte ouest plus précisément, cet automne. C’est un pays qui m’a toujours fasciné, ce sentiment patriotique qu’ont les Américains pour leur pays, c’est quelque chose d’assez incroyable!»
Arnaud Juillard
