
DISTRICT Cette année plus que jamais, le jardinage apparaît comme un merveilleux moyen d’évasion de nos quotidiens confinés. Oui mais si l’on n’a pas de jardin? Qu’à cela ne tienne. Grâce aux conseils que nous avons glanés auprès de Denis Anselmo, jardinier professionnel à la Clef des Champs à Courgenay, vous pourrez faire pousser tomates, épinards et salade sur votre balcon.
Chaque année à pareille époque, les jardiniers amateurs ont les doigts qui les démangent. Comme une irrépressible d’aller gratter dans leurs plates-bandes, de semer, planter, arroser et regarder pousser. Mais cette année, nous sommes peut-être encore plus nombreux que d’habitude. Le confinement, même partiel, fait surgir de nouvelles envies. Et ce n’est pas parce qu’on n’a pas de petit lopin de terre à portée de main qu’il faut les faire taire, ces envies. Un balcon peut tout à fait faire l’affaire, à condition tout de même de respecter quelques règles sous peine de déconvenues maraîchères.
«La première chose, indique Denis Anselmo, jardinier professionnel à la coopérative la Clef des Champs, à Courgenay, c’est le dimensionnement du pot. Il faut qu’il ait au minimum 30 cm de diamètre, ou même 40 ou 50 cm, c’est encore mieux, et la même chose en profondeur.» Deuxième préalable indispensable, veiller à l’orientation de son balcon. S’il est au nord, il vaudra mieux se contenter de salades et d’herbes aromatiques (persil, thym, sariette, romarin par exemple). Le vôtre est au sud, à l’est ou à l’ouest? Alors à vous les tomates, poivrons, aubergines, épinards, basilic!
La tomate, reine des balcons
Naturellement, tout cela ne poussera pas tout seul. Prenez la tomate, par exemple. Si elle est un peu la reine des balcons, principalement parce qu’elle a la judicieuse habitude de pousser en hauteur, elle a tout de même ses exigences. «Elle a besoin de beaucoup de nourriture et d’eau, détaille Denis Anselmo. Il faudra aussi la tailler pour ne laisser qu’une seule tête, deux au maximum, et enlever les gourmands. Ça demande un tout petit peu de technique, mais il y a plein de tutos à ce sujet sur internet.» Le petit conseil du professionnel? «Privilégiez les variétés qui vont donner assez rapidement et sur la durée, comme les tomates cerises et les Roma.»
Mais d’autres plantes s’épanouiront aussi bien que la tomate sur un balcon, à commencer par ses cousin(e)s de la famille des solanacées, l’aubergine et le poivron. Ou encore la salade, par exemple celle dite «à tondre», «parce qu’elle revient sans cesse et pendant un bon moment», précise Denis Anselmo. Dans un registre plus original, le jardinier de Courgenay suggère l’épinard, notamment la variété de Malabar, une plante grimpante dont les feuilles se consomment. Ou encore les fleurs comestibles, à l’image des œillets d’Inde ou des capucines, qui pourront être associées à la tomate (c’est-à-dire cultivées dans le même pot), comme pourront l’être le basilic ou le haricot à rames.
D’autres options
On le voit, il est donc tout à fait possible de jardiner sans jardin. Il sera en revanche plus compliqué de jardiner sans balcon, estime Denis Anselmo: «On ne s’en rend pas compte parce que l’œil humain s’adapte facilement, mais entre l’intensité lumineuse du dedans et celle du dehors, il y a un facteur 10, et donc beaucoup moins d’énergie à disposition pour que nos plantes puissent grandir.» Il existe cependant une dernière possibilité pour les jardiniers dépourvus de terrain, indique malicieusement le professionnel: c’est… la Clef des Champs! «On recherche encore des coopérateurs, les inscriptions sont ouvertes jusqu’au début de l’été.» Rendez-vous sur internet pour en savoir plus.
Claire Jeannerat
PLANTONS À L’EMPORTER
Où trouver les semences et les plantons nécessaires au démarrage de notre jardin? La question agitait le petit monde des jardiniers amateurs ces derniers jours et a même suscité une pétition d’envergure nationale. Bonne nouvelle: des solutions existent, en Ajoie aussi. La Clef des Champs propose en effet depuis hier ses plantons bio à la vente, non pas en self-service comme d’habitude mais sur commande. Celles-ci doivent être passées via Facebook ou le site internet de la coopérative, et devront ensuite être récupérées sur place à Courgenay, Le paiement se fera par facture ou à la réception de la commande, mais «sans échange d’argent, il faudra avoir la monnaie», précise Denis Anselmo. Le magasin Landi, à Alle, propose également une vaste palette d’articles de jardinage à l’emporter, moyennant une commande préalable sur son site internet. CLJ
L’article que vous venez de lire a été publié dans notre édition abonnés du jeudi 9 avril 2020.
LES PETITS PLUS DE LA CLÉF DES CHAMPS
Parce qu’une page de journal ne suffira jamais à faire un bon jardinier, il pourrait être utile, avant d’enfiler ses gants et d’empoigner sa binette, de potasser quelques liens internet pour en apprendre plus sur les cultures de balcon. En voici quelques-uns, validés tout exprès pour le Journal L’Ajoie et ses lecteurs, par le jardinier de la Clef des Champs Denis Anselmo:
Jardiner en ville: que faire pousser sur un balcon?
https://www.maisonapart.com/edito/amenagement-exterieur/jardin/jardiner-en-ville—que-faire-pousser-sur-mon-balc-11547.php
Planter un potager sur son balcon
https://www.laslowlife.fr/planter-un-potager-sur-son-balcon/
Potagers urbains ou être auto-suffisant sur le balcon ou la terrasse
https://blog.doitgarden.ch/fr/urban-farming-2e-partie/
Pour commander des semis bio
https://www.zollinger.bio/fr
https://www.sativa.bio/fr_ch/
https://www.prospecierara.ch/fr.html
Et pour finir, quelques conseils encore, toujours distillés par Denis Anselmo:
Substrat: prévoir quelque chose de riche, à savoir du compost, du fumier, ou les deux ensemble, en veillant à ce qu’ils soient bien matures. On pourra peut-être obtenir le fumier auprès d’un voisin agriculteur ou d’un manège. Si on peut trouver un peu de terre, l’ajouter au mélange, de façon à ce qu’il soit ne soit pas trop drainant.
Contenants: Le classique système du pot et de sa coupelle sont très bien: le trou au fond du pot permet à l’eau de s’écouler et de rester stockée. Au bout d’un moment, lorsque les racines sont assez grandes, on peut même n’arroser que dans cette coupelle. Mais sinon, n’importe quel objet qui a la dimension requise peut faire l’affaire. Dans ce cas-là, mettre quelques centimètres de gravier au fond puis ajouter le substrat. Cela fera le même effet que le trou et empêchera que nos plantes aient pas les pieds dans l’eau.
Arrosage: Juste après les semis ou la plantation, arroser fréquemment, jusqu’à deux fois par jour s’il y a du soleil et qu’il fait très chaud. Par la suite, un arrose quotidien sera suffisant, à condition qu’il y ait la quantité: pour un pot de 50 litres, compter au moins 5 litres d’eau. On peut vérifier en plongeant son doigt dans la terre: elle doit être humide sur 10 cm, et pas seulement en surface. CLJ