PORRENTRUY À 23 ans, expatriée à Genève pour ses études, Juliana Moll bouscule tous les stéréotypes. Son sport? La boxe! La Bruntrutaine a remporté, en 2017, un combat lors de King of the Ring organisé par Farid Remini, son ancien coach.
Nous sommes le 30 septembre 2017, au Tennis Couvert d’Ajoie. Les nombreux spectateurs qui assistent à l’événement King of the Ring découvrent une frêle jeune fille souriante. Il s’agit de Juliana Moll. La jeune Bruntrutaine âgée de 19 ans s’apprête à monter sur le ring pour y affronter la Française Myriam Mohtassib. Trois rounds plus tard, l’arbitre du combat déclare la jeune boxeuse ajoulote vainqueure par KO. Ce combat fut le point culminant de son parcours.
Une démonstration de force
Juliana Moll s’est mise à la boxe sur le tard. En effet, ce n’est qu’en 2015, deux ans avant le King of the Ring, qu’elle découvre ce sport. À l’époque, l’Ajoulote avait la ferme intention de commencer un sport. Les sports collectifs ne trouvant pas grâce à ses yeux, que choisir? «Je voulais pratiquer un sport qui m’irait et qui me ferait repousser mes limites.» La native de Porrentruy profite alors d’une journée portes ouvertes organisée par l’école pour découvrir le monde de la boxe. Un premier contact avec les gants… et elle est séduite. C’est décidé, elle s’inscrit au Club de boxe de la cité des Princes-Evêques.
Ses débuts dans le club animé par Farid Remini sont marqués par la surprise de ses pairs, ainsi que par le respect. «Le coach m’a bien accueillie et m’a toujours encouragée. Il n’a jamais fait de différence entre moi et un homme. En revanche, c’est vrai que lorsque j’ai commencé au sein du club, les regards étaient étonnés, comme si je n’avais pas ma place ou comme si j’étais une intruse parmi eux.» Juliana Moll montre alors de quel bois elle se chauffe et surtout qu’elle n’a pas peur de pratiquer ce sport qui peut parfois se révéler violent ou dangereux. Une démonstration qui efface tous les doutes que pouvaient avoir les membres masculins du club. «Dès que je le leur ai montré, cela s’est bien passé. J’ai toujours été très soutenue, que ce soit par les hommes ou par les autres femmes. Finalement, j’ai été vraiment bien accueillie. J’ai eu beaucoup de chance à ce niveau-là et j’en suis très reconnaissante d’ailleurs.»
Des réactions essentiellement positives
Si la jeune boxeuse a été rapidement acceptée dans le club, sous l’aile du coach Farid Remini, le fait qu’elle enfile les gants n’est pas toujours compris par son entourage. «Ce que les gens me disent toujours, c’est qu’ils n’auraient jamais pensé que je choisisse ce sport. J’ai quand même un physique assez féminin, je prends soin de moi et, en général, on imagine plus que je pratique la danse classique que de la boxe. Certains ont même pensé que ce sont des problèmes personnels qui m’ont fait commencer cette discipline!» Mais au final, après quelques explications, le fait qu’elle ait opté pour ce sport de combat est assez bien accepté. «En résumé, je fais face à de nombreuses réactions de surprise, mais souvent les gens sont surpris positivement.»
Aujourd’hui âgée de 23 ans, Juliana Moll a quitté l’Ajoie pour s’établir au bout du Lac Léman, à Genève, où elle suit un bachelor en nutrition. Elle y a intégré le Boxing Club Genevois. Du fait du temps consacré à ses études entre autres, elle ne parvient plus à s’exercer autant que lorsqu’elle était à Porrentruy. «Chez Farid Remini, je m’entraînais environ six fois par semaine. C’était un rythme soutenu que je ne peux plus avoir aujourd’hui». De plus, la pandémie de covid a causé l’annulation de compétitions et une longue fermeture des salles sportives, ce qui a empêché l’Ajoulote de prendre part à un nouveau combat. «Il était pourtant prévu que je m’entraîne pour d’autres événements. À cause de la situation sanitaire et des études, je n’ai pas eu l’occasion de combattre, mais je compte bien rééditer l’expérience», explique-t-elle.
Confiance en soi et respect
Lorsque l’on demande à Juliana Moll ce que la boxe lui a apporté, elle répond de la confiance en soi. «Je suis allée au-delà des clichés. Je me suis prouvée à moi-même que j’étais capable d’aller à l’encontre du regard des gens. La boxe m’a permis de montrer que, si j’avais envie de faire quelque chose, je devais foncer. Elle m’a aussi appris le respect de l’adversaire. Le fait d’avoir gagné mon combat m’a aussi montré que tous les efforts accomplis finissent par payer. Je peux me surpasser et aller au-delà de mes limites. Cela donne une force exceptionnelle de se dire que l’on peut aller toujours plus loin», conclut la jeune femme.
Eric Moser
