La FLASA, à la pointe dans le fil technique

Spécialisée initialement dans la laine, la FLASA s’est aujourd’hui réorientée vers le fil technique. Élise Choulat © Éditions L’Ajoie
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ALLE Elle est l’un des fleurons de l’industrie textile suisse. Alors qu’elle a fêté ses 85 ans en 2019, la FLASA reste un acteur économique important pour la région. Face à une concurrence étrangère toujours plus forte, la filature d’Alle a su évoluer et réorienter ses activités. Désormais, c’est de fil technique dont il est question.

Quand on la voit de loin, la FLASA – pour Filature de Laine peignée d’Ajoie SA -, avec ses énormes halles aux toits en dents de scie, on s’imagine bien l’importance du rôle qu’elle a joué pour Alle et pour la région. Créée en pleine crise économique mondiale en 1934 par Édouard Six, un industriel issu d’une famille active dans le textile venu du nord de la France, elle a employé jusqu’à plus de 400 personnes.

Uniformes, sièges, filtres…

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Mais les décennies se sont succédé et l’économie a changé. Face à une concurrence étrangère toujours plus rude, la FLASA, qui travaillait au départ essentiellement la laine pour la production de fils à tricoter à la main, a étoffé sa gamme en développant des fils industriels composés de fibres techniques. «Notre principale concurrence vient d’Asie et d’autres pays d’Europe, en raison de la surévaluation du franc suisse par rapport à l’euro, concède le directeur, André Jean Six, petit-fils du fondateur, qui dirige l’entreprise. Dès le milieu du siècle dernier, c’est mon père André Six qui a œuvré au développement de la FLASA. Et depuis une vingtaine d’années, des nouveaux produits et des processus de filature innovants ont été mis en place par son frère Nicolas, malheureusement décédé l’an dernier. On ne produit quasiment plus de fil pour les marchés de la mode, si ce n’est des qualités haut de gamme en mélangeant de la laine avec de la soie.» 

Crée en 1934, la filature d’Alle utilise désormais l’énergie solaire pour sa production. © FLASA

Non, désormais, les fils de la FLASA sont techniques: de très haute ténacité pour renforcer des tissus ultralégers, anti-coupure pour des gants de travail, anti-feu pour des uniformes  (pompiers, police,  armée …) ou pour les tissus des sièges dans les  transports (bus, trains, avions). «Et aussi pour la protection individuelle dans des sports comme la Formule 1 et dans l’industrie, pour protéger des câbles électriques», complète le directeur.

Un long processus

Mais avant que le policier n’enfile son uniforme ou que le passager ne s’installe sur son siège, il en a fallu des heures et des jours pour obtenir un fil! Dès réception, les matières premières commencent un très long processus, intégralement effectué à Alle. «La majorité des fibres synthétiques sont européennes, explique Marie Bell, en charge du suivi des clients, en zigzaguant entre les balles. La laine, elle, vient d’Australie ou d’Amérique du Sud.» La visite se poursuit dans les immenses halles aux toits en sheds, cette architecture si spécifique aux usines du début du 20e siècle qui permet de faire entrer la lumière jusqu’au cœur des ateliers. «Aujourd’hui, tous les toits, sur 10’000 mètres carrés, sont couverts de panneaux solaires qui nous permettent de produire la moitié de l’électricité nécessaire à la fabrication. Cette énergie représente la consommation annuelle de plus de 400 ménages», ajoute le directeur André Jean Six.

Vient ensuite le laboratoire de teinture. Dans les étagères, les échantillons déploient harmonieusement leurs couleurs. «Il y a tellement de nuances… On peut quasiment tout teindre, à l’exception de certaines fibres techniques», précise notre guide en nous emmenant près des cuves de teinture, puis la halle de peignage. Finalement, ce n’est qu’après de nombreux passages dans les multiples machines – lisseuse, défeutreuse et peigneuse – que la matière part en filature où elle sera torsadée pour devenir enfin du fil; des fils qui pourront ensuite être assemblés et retordus pour plus de solidité (d’où l’expression «donner du fil à retordre»!).

Essentiellement pour l’export

Aujourd’hui, la Filature de Laine peignée d’Ajoie SA emploie 90 personnes dont le savoir-faire, couplé à un important parc de machines, lui permet de s’assurer une place dans le monde du textile. Car, alors que pendant longtemps elle travaillait essentiellement pour une clientèle helvétique, elle exporte désormais plus de 80% de sa production dans une vingtaine de pays répartis sur les cinq continents.

Élise Choulat

Article paru dans notre édition abonnés n° 493 du 18 avril 2019

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