
BONCOURT Après avoir travaillé près de 30 ans au sein du Foyer Les Fontenattes, qui accueille des personnes avec une déficience intellectuelle marquée, son directeur Jean-François Deschamps a pris sa retraite. Le sexagénaire revient sur sa carrière et l’évolution de la branche.
Dans un premier temps, pouvez-vous vous présenter? Qui êtes-vous?
J’ai 65 ans et je suis un directeur à la retraite depuis le 30 septembre. J’ai deux filles, deux petits-enfants et je vis entre Porrentruy et l’Alsace. J’ai travaillé pendant 15 ans dans une grande institution alsacienne qui accueille des enfants, adolescents et adultes ayant un handicap profond, et j’aurai passé 30 ans au Foyer Les Fontenattes. J’ai d’abord obtenu un diplôme d’éducateur social, puis de responsable des services éducatifs, et enfin de directeur d’institution social et médico-social à la HES de Genève. En parallèle, je suis passionné par la musique, mais aussi par et pour les autres: j’ai été à leur service toute ma carrière, tant sur le plan professionnel qu’associatif.
Que retenez-vous de ces années à la tête de l’institution ajoulote?
D’abord de très belles rencontres avec les personnes accueillies et leurs familles. Je noterais aussi une amélioration permanente de la manière dont nous accueillons et accompagnons les personnes. La progression de l’ensemble des membres du personnel sur le terrain de la formation me rend heureux. Il y a 25 ans, un peu moins de 20% étaient formés. Aujourd’hui, nous sommes quasiment à 95%, ce qui est magnifique. Pour moi, ce qui était important, c’est que la qualité de vie offerte aux personnes accueillies ne cesse d’augmenter.
Justement, ce point a également évolué…
Effectivement. Aujourd’hui, nous sommes au plus près des besoins de chacun. Si hier, les réponses pouvaient être communes, elles sont de nos jours personnalisées. De plus, le
personnel travaille avec le cœur, ce qui est important. Nous ne pouvons pas être auprès de ces personnes si nous n’avons pas un profond respect de qui elles sont, d’où elles viennent
et ce vers quoi nous voulons les amener. Il y a quarante ans, lorsque la maison a vu le jour, les fondateurs ont fait de leur mieux, avec quelques fois une connaissance minime de ce que requiert le handicap mental sévère. Attention: ce n’est pas une injure à ceux qui ont démarré car ce serait leur manquer de respect, mais il est vrai qu’à cette époque, nous
répondions aux besoins autrement. Aujourd’hui, nous le faisons d’une manière beaucoup plus adaptée aux problématiques de chacun.
Dans quel état d’esprit étiez-vous au moment de quitter les lieux?
Il y avait une émotion certaine, car j’ai partagé la vie de presque 60 personnes accueillies et de 130 membres du personnel, cela fera donc un grand vide. Toutefois, je suis rassuré
car la nouvelle équipe de direction saura perpétuer les valeurs fondatrices de l’institution, continuer de faire de cette maison un lieu où il fait bon vivre et travailler. La qualité de vie, le bien-être et la bienveillance doivent primer, ce sont des remparts à la maltraitance. Notons qu’Isabelle Fink a été nommée à la direction pour me succéder. Elle sera épaulée par les responsables des services éducatifs Vanessa Leoni et Arthur Bonnant, mais aussi par Sylvain Althaus, chargé du service technique et hôtelier.
Propos recueillis par Kathleen Brosy