« Le délai pour la patinoire est court, mais on sera prêts! »

Stéphane Babey: «Le SIDP travaille dans la sérénité». © Stéphane Babey
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ALLE Collecte des déchets, réseau d’eau, patinoire… de nombreux projets dans le district sont estampillés SIDP, c’est-à-dire Syndicat intercommunal du district de Porrentruy. Maire de son village depuis 2012, Stéphane Babey en est aussi le président depuis le début de la législature, l’an dernier.

L’Ajoie: Stéphane Babey, comment se porte le SIDP?

Stéphane Babey: Il se porte très bien. Le comité (composé de sept membres, tous maires) se réunit tous les quinze jours pour aborder tous les sujets en lien avec ses activités et les projets futurs de notre district. Ce rythme de séance traduit le dynamisme du syndicat. L’ambiance entre les membres du comité est excellente et chacun(e) amène sa pierre à l’édifice. Le comité est organisé comme un conseil communal. Chacun des membres est à la tête d’un dicastère: patinoire, eau (A16), déchets, aménagement du territoire ou encore économie. De plus, nous pouvons nous appuyer sur une administration très performante et très investie dans ces missions. Ça facilite grandement les choses!

La question n’est évidemment pas innocente. La votation sur la patinoire a provoqué des tiraillements, et même des divisions, et il est légitime de se demander si les maires du district parviennent encore à travailler ensemble et dans la sérénité. Vous pouvez nous rassurer ?

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Il est vrai que la campagne sur la votation fut intense et les fronts clairement polarisés. Les réseaux sociaux ont aussi largement participé à une certaine forme de stigmatisation, ce qu’on peut regretter pour le débat démocratique. Mais je vous rassure: nous travaillons dans la sérénité. Le comité du SIDP a ainsi pour objectif d’aller à la rencontre de chaque exécutif communal du district durant cette législature pour aborder tous les sujets sans tabous. Jusqu’à présent, l’accueil y a été à chaque fois très chaleureux et constructif. Devant la complexité des dossiers, les communes sont en demande de soutien et de propositions, justifiant d’autant plus l’existence du SIDP.

En tant que président du SIDP, quels enseignements avez-vous tiré de cet épisode?

La votation sur la patinoire a dépassé le cadre sportif. La volonté de marquer son identité ajoulote est une composante du succès du vote. Sur le fond, on ne pourra plus nous reprocher d’être les râleurs de la République! Les habitantes et habitants de la région ont clairement exprimé une volonté d’aller de l’avant et c’est un signal fort pour l’avenir: oui, le district existe et il faut compter avec lui. Sur la forme, le projet fait sens et ce sera une magnifique vitrine pour le district et le Canton du Jura. Je salue au passage le message envoyé par le Gouvernement et le Parlement qui ont exprimé très clairement leur soutien.

À propos de ce projet de patinoire, on est maintenant entré dans le concret. Comment cela se passe-t-il? Les choses avancent comme prévu?

Le COPIL (comité de pilotage), composé de Gérard Meyer (président), Claude Hêche, Gabriel Voirol, Gregory Pressacco et moi-même se réunit plusieurs fois par semaine. Les deux premiers cités sont les piliers et porteurs du dossier depuis 2016. Aujourd’hui, le projet est ficelé, et les engagements financiers respectés. La cible est atteinte. Le dépôt de permis est prévu d’ici début du mois de mars, avec une entame des travaux pour mai, travaux qui s’étaleront sur près de 18 mois. On doit «livrer» une patinoire répondant à toutes les normes pour le 1er octobre 2020. Ce sera court, mais on est prêts! Je ne vous cacherai pas que les mandataires ont été mis sous pression, mais la collaboration est très positive. La Municipalité de Porrentruy joue pleinement son rôle de catalyseur et les relations sont excellentes. On a commencé les coupes de bois dans les forêts de la région, coupes gérées de concert entre Proforêt et les gardes forestiers. En fait, on est déjà dans le concret.

Parmi les autres gros dossiers de cette législature, il y a notamment le Plan directeur régional. Pouvez-vous nous rappeler en quelques mots l’enjeu de ce projet et nous dire où il en est?

La Loi cantonale sur l’aménagement du territoire précise dans son article 44 que les régions doivent s’organiser entre elles dans le domaine de l’aménagement avant que les communes qui composent cette région n’entament leur propre PAL. C’est ce qu’on appelle le Plan directeur régional (PDR). Pour faire simple, cela signifie que les communes ont l’obligation de s’associer pour porter une réflexion commune relative à différentes thématiques: aménagement régional bien sûr, mais également mobilité, tourisme, économie, ou encore marketing territorial à l’échelle du district. Le comité du SIDP avait décidé lors de la dernière législature d’impliquer toutes les communes dans le processus et de dissocier deux zones: Porrentruy avec les localités de sa couronne (PRP, Pôle régional de Porrentruy) et les villages dits satellites. Deux commissions ont été créées pour mener à bien ce dossier. Le PDR, donc, présidé par François Minger, et le PRP présidé par Anne Roy. Les objectifs de ces deux commissions diffèrent quelque peu notamment dans le domaine de la densification du bâti existant. Elles sont néanmoins complémentaires. On en est au stade du diagnostic, les forces et les faiblesses de notre district sont identifiées. Il s’agit maintenant de communiquer plus largement les résultats et de mettre sur le papier les orientations relevant de nos réflexions. Le travail réalisé à ce jour par les deux commissions permet toutefois d’ores et déjà de libérer les dossiers PAL bloqués dans quelques communes.

À votre entrée en fonction, vous releviez que le SIDP était mal connu des habitant-e-s du district. C’était il y a un an seulement, c’est vrai, mais y a-t-il eu des efforts faits, et ont-ils porté leurs fruits?

Le syndicat existe depuis 2004. L’idée de départ était très intéressante: mettre toutes les localités du district autour d’une table pour trouver des solutions à un certain nombre de problèmes identiques dans chaque commune. Cela a commencé par la gestion des déchets incinérables: les fameux sacs taxés. C’est un premier mandat «visible» du SIDP. Puis ont été soulevées des thématiques telles que la réalisation d’une déchetterie régionale, et un certain nombre de dossiers plus confidentiels. La diminution des heures d’éclairage dans les villages du district, par exemple, est le résultat de négociation entre les BKW et le comité du SIDP. C’est vrai que depuis le début de cette législature, seuls treize mois se sont écoulés, et les dossiers sont nombreux. On a vraiment l’impression d’être au cœur de l’action. La votation du 1er juillet 2018 a donné une visibilité incroyable au syndicat. A la genèse du projet, il était prévu de faire approuver «la patinoire» uniquement par les assemblées communales. Vu l’enjeu pour notre région et considérant que c’était au peuple de se déterminer en toute connaissance de cause, les Maires ont finalement décidé de faire passer le projet à l’urne. C’était un risque certes, mais surtout un pari sur l’avenir avec le résultat que l’on connaît. C’est aussi la première fois depuis l’existence du syndicat que sa légitimité était mise à l’épreuve. Or, la population nous a exprimé sa pleine confiance et c’est un sentiment de grande satisfaction qui a prévalu le soir du 1er juillet doublé d’une grande responsabilité envers la population du district.

Le problème réside dans la communication. Nous ne sommes pas des professionnels, le temps nous est compté et lorsqu’on est «la tête dans le guidon», on a l’impression que tout le monde suit naturellement. Nous ne devons cependant pas oublier qu’il est nécessaire d’informer et de communiquer aux exécutifs communaux et à la population.

Et à titre personnel, toujours motivé par cette fonction?

C’est avant tout un travail d’équipe et tous les membres du comité tirent à la même corde. C’est à chaque fois animé d’un esprit constructif que nous nous retrouvons. Mais c’est vrai que ce n’est pas toujours «un long fleuve tranquille» et lorsqu’on additionne les dossiers du SIDP et de la Mairie, on se dit que, parfois, il y a d’autres occupations plus paisibles… Ceci dit, l’action, le sentiment de faire avancer à notre échelle les dossiers importants pour notre district, les très nombreuses rencontres et les perspectives de développement de la commune, de la région et du Canton sont une de source de motivation inépuisable.

Propos recueillis par Claire Jeannerat, VERSION LONGUE de l’interview publié dans notre N°485 du 21 février 2019

 


CARTE D’IDENTITÉ
Âge: 47 ans
État-civil: 4 enfants
Domicile: Alle
Profession: ingénieur agronome HES
Formation: maturité dans le Wisconsin, École d’ingénieurs à Zollikofen
Parcours professionnel: Centre Ajoie, Flasa, Ernest Roth SA puis création de mon entreprise en 2004.
Hobbies: j’ai promis que je me remettrai au foot… et peut-être même à la cuisine!

 

 

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