COURTEDOUX Nichée au sommet du village, l’entreprise jurassienne embrasse toute l’Ajoie d’un regard. Tout en déployant son activité dans les industries suisses les plus emblématiques, l’entreprise familiale poursuit sa croissance par des acquisitions ciblées et un développement prévu en Europe. Rencontre avec Christophe Rérat, directeur.
Pouvez-vous nous rappeler l’histoire de l’entreprise et du groupe?
L’entreprise Recomatic a été fondée en 1962 par mon père Charles Rérat et son cousin Martin Rérat. Ils ont d’abord loué un petit atelier à Fahy pendant quatre ans avant de s’installer ici à Courtedoux, où ils ont construit leur premier bâtiment en 1966. Mon frère Philippe et moi avons repris la société en 2002. Nous sommes donc partis de ces 450 mètres carrés en 1966 pour arriver aujourd’hui à 9500 mètres carrés et 107 employés.
Vous avez repris la société de votre père, vous travaillez avec votre frère. Quels sont les secrets d’une collaboration familiale et professionnelle réussie?
On dit que ce n’est pas toujours facile, mais je tenais dès le départ à ce que mon frère fasse partie de l’histoire. J’ai demandé s’il était d’accord de reprendre la société avec moi parce que je ne l’aurais jamais repris tout seul. Donc, je voulais qu’on puisse partager les bons comme les mauvais moments. Et puis, on a su rester à chacun à sa place, en ayant chacun une partie des responsabilités de la société. Mon frère s’occupe de la partie technique, je m’occupe de la partie administrative et vente.
Quelles sont les trois grandes marques actuelles qui structurent l’activité, Reco, Bula et Swis ?
Alors là, l’histoire a commencé avec Recomatic, dont l’activité principale était la terminaison dans l’horlogerie, donc des machines industrielles qui servent à affiner l’état de la surface sur des boîtes de montres. Au fil des années, avec la reprise de l’entreprise par Philippe et moi, on a décidé aussi de compléter la gamme avec le rachat de la société Bula qui était basée à Henniez, dans le canton de Fribourg, pour élargir notre offre dans les machines de polissage. Swiss Surface (Swis) est née un peu plus tard: en faisant de la veille technologique sur le marché, nous nous sommes rendus compte que certaines industries avaient des besoins que nous ne pouvions pas remplir avec nos systèmes mécaniques. On a eu l’occasion d’avoir l’exclusivité suisse de représenter la marque espagnole GPA, pour le polissage électrochimique à sec, dont la technologie est à la base des services de Swis.

© Recomatic
Quelles sont les solutions que vous proposez et à quels types de clients?
L’avantage quand un client vient taper à notre porte, c’est qu’il a une solution complète qui lui est proposée dans la terminaison et le polissage. D’abord, avec Reco, pour tout ce qui est rectification et travail avec les abrasifs. Ensuite avec Bula pour tout ce qui est polissage et ébavurage. Et en complément, la société Swis qui peut proposer de traiter des surfaces difficilement accessibles par le polissage standard avec le polissage électrochimique à sec.
Notre secteur d’activité principale, c’est d’abord l’horlogerie, donc la boîte de montre, les éléments de bracelets, les glaces saphir. Ensuite, on a des activités dans la maroquinerie, la joaillerie, le luxe – pour les instruments d’écriture. Et puis, une petite partie de nos clients viennent des secteurs médical et aéronautique.
Comment est-ce qu’on trouve de nouveaux clients, dans un secteur aussi technique et précis?
On trouve des clients par plusieurs voies, principalement les expositions. Depuis plus de 30 ans, nous faisons des expositions comme Baselworld ou le Siams qui ont permis de rencontrer tous ces clients. Ces dernières années, avec le Covid, il fallait trouver d’autres voies à explorer, c’est donc par les médias sociaux et nos sites internet qu’on essaie de montrer tout ce qu’on est capables de produire dans le groupe.

Vous avez inauguré un nouveau bâtiment. Quelle est sa fonction? Et ses caractéristiques?
Ce nouveau bâtiment sert d’abord à centraliser nos stocks – un énorme stock situé au sous-sol. Cela nous a permis de tripler notre surface de montage des machines, avec plus de 1000 mètres carrés supplémentaires, et de réunir toute la partie Recherche & Développement dans un seul espace. Un vrai effort a aussi été fait sur la durabilité, qui s’inscrit dans la volonté de Recomatic que nos constructions soient le mieux intégrées possible depuis plusieurs années. En 2016, nous avons déjà un bâtiment qui a été labellisé Minergie. Ce dernier bâtiment nous a permis de développer le solaire sur l’ensemble de nos toits et de mettre en œuvre la récupération des eaux de pluie. Nous avons une citerne de 20 000 litres d’eau qu’on utilise pour les eaux sanitaires et l’arrosage extérieur. Enfin, une partie de notre chauffage est aux pellets, ce qui nous permet d’avoir un combustible renouvelable qui vient de quinze kilomètres de chez nous.
Quels sont vos projets pour la suite?
Les projets pour la suite, c’est déjà de faire une petite pause côté bâtiments: cela fait plus de dix ans que nous construisons. Donc les nouveautés vont surtout se concentrer au niveau des machines, avec de nouveaux produits qui sortent cette année et l’année prochaine pour diversifier un petit peu notre gamme chez Reco et chez Bula. Nous voulons surtout amener en avant la technologie et l’innovation au sein des trois marques du groupe Recomatic. Nous sommes en train de nous déployer à l’étranger: nous venons d’engager un nouveau commercial pour tisser un nouveau réseau, pour avoir des agents à travers l’Europe pour représenter nos produits.
Propos recueillis par Clément Charles