
DISTRICT Depuis 2015, l’association SuperMamans amène des repas aux femmes qui viennent d’accoucher, dans le but de les soulager et de renforcer leurs liens sociaux. Membre de l’association et du comité depuis 2020, la Bruntrutaine Naomi Zürcher nous parle de la situation actuelle et de l’évolution de «l’offre et de la demande».
«J’ai commencé à bichonner après mon troisième enfant, ayant eu connaissance de l’association par hasard. J’ai eu cette chance particulière d’habiter en dessus de la grand-maman de mon époux. J’ai toujours accouché à la maison: celle-ci s’est occupée des repas pendant les périodes suivant les naissances. Cette femme est exceptionnelle: elle a proposé d’en faire toujours plus. Au quatrième et dernier bébé, elle m’a apporté des repas pendant cinq semaines! Dans la foulée, je me suis rendu compte que ces gestes agréables, pour lesquels j’éprouvais passablement de reconnaissance, ne faisaient pas partie de la normalité. C’est pour cette raison que j’ai décidé de donner un coup de main moi aussi.» Depuis 2020, l’Ajoulote de 36 ans est «maman contact» pour la région du Jura: elle met en relation celles qui sont bichonnées et les «mamans cadeaux», qui amènent un repas et proposent un échange.
L’agente professionnelle de sécurité et de surveillance avec brevet fédéral rappelle le but de l’association qui a vu le jour en Suisse en 2015: «Il s’agit de mettre en relation les mamans qui viennent d’accoucher avec d’autres. La fondatrice, Elisa Kerrache, a remarqué que les femmes sont très seules après avoir donné naissance, qu’elles éprouvent ce besoin de contact. Sous l’excuse d’amener un repas, c’est partager un instant qui est proposé. Parfois, il s’agit simplement de déguster un thé pendant une trentaine de minutes, ou de discuter sur le pas de la porte. Et ces gestes changent la vie!»
Association en pleine évolution
La maman ajoulote de quatre enfants le souligne: davantage de femmes se tournent vers l’association: «Nous remarquons réellement que ces repas et moments partagés sont appréciés.» Elles sont également de plus en plus de «mamans cadeaux». Naomi Zürcher sourit: «Chaque fois, ces bénévoles éprouvent du plaisir car elles ont réalisé un geste concret pour une autre maman.» Mais quelles sont les explications de cette tendance en expansion dans le canton du Jura? L’Ajoulote émet plusieurs hypothèses: d’abord, les flyers distribués à la maternité de Delémont. Deuxièmement, la population régionale commence à connaître l’association: «Désormais, les Jurassiens savent que nous existons. Au départ, je prenais en charge notre canton et la partie francophone de celui de Berne. Désormais, en raison de l’augmentation de la demande, uniquement le Jura.» Mais ce n’est pas tout. Naomi Zürcher, également membre du comité, note que la mentalité a évolué: «Au fur et à mesure des générations, les femmes acceptent davantage de se faire bichonner, aider. Auparavant, il fallait montrer que nous pouvions tout faire: nous occuper des enfants, du ménage, de faire à manger et de recevoir des invités. Or, c’est totalement inhumain pour la maman et son bébé. Cette cape de “superwoman” est quelque peu laissée de côté. En ayant recours à l’association, nous acceptons de montrer notre vulnérabilité.»
La régionale relève enfin: «L’offre crée de la demande, la demande de l’offre. Il ne peut pas y avoir de “bichonnages” s’il n’y a pas de mamans cadeaux, pas de mamans cadeaux s’il n’y a pas de mamans à bichonner. Elles sont ainsi plus nombreuses à donner un coup de main: il y a celles qui ont peiné durant leur post-partum et celles qui ont reçu de l’aide salutaire. Dans tous les cas, elles ont vécu une expérience qui leur a donné l’impulsion.»
Kathleen Brosy
L’association est toujours à la recherche de bénévoles. Plus d’informations sur www.supermamans.ch
Une association chamboulée par le covid-19
Naomi Zürcher l’indique: la crise sanitaire a eu un réel impact sur l’association: «Les changements ont été drastiques. Durant un certain temps, en raison des mesures sanitaires, les mamans cadeaux ont effectué une simple dépose de plat, sans partage. Je me rappelle avoir rapidement amené à une femme un repas du côté de Saint-Ursanne. Lorsque je suis repartie, elle s’est décomposée. Elle n’avait pas besoin de conseils, mais surtout d’un partage.» Comme le souligne l’Ajoulote, ces moments d’échange font partie intégrante de l’association. Toutefois, il y a un «mais»: «Lorsque les restrictions ont été levées, les mamans avaient la possibilité de choisir si elles étaient en confiance ou non pour partager, ou si elles préféraient uniquement une dépose de plat. Cette habitude, qui a vu le jour en raison de certaines inquiétudes, est restée. Nous allons donc gentiment revenir à ce concept d’échange.» KB