DISTRICT La situation des routes est moins bonne en Ajoie qu’ailleurs dans le canton. Plusieurs points peuvent expliquer cette tendance. Comme le souligne le Service de l’infrastructure, la situation est certes compliquée, mais des solutions existent. Décryptage.
Les routes, voilà un sujet qui intéresse de nombreux Ajoulots… «Les tronçons qui me posent problème? La traversée de Montignez, Courtemaîche, Chevenez, mais aussi les deux tunnels qui ressemblent à un champ de bosses entre l’entrée de Bressaucourt et la sortie du côté de la patinoire du chef-lieu», relève une lectrice. Un habitant de Courgenay souligne quant à lui l’effort des instances qui prennent en charge les routes, mais indique toutefois un point noir: «De nombreux nids de poules sont recouverts de gravier, dans Les Rangiers par exemple, ce qui est dangereux pour les motards.» Autre point mis en avant par le Jurassien: les rues communales, cette fois, et plus précisément aux alentours de son quartier: «Elles ne sont plus adaptées au nombre d’habitants, à l’augmentation de la population, d’un point de vue de leur largeur et état.»
C’est un fait: du côté du canton, comme le mentionne Yves-Alain Fleury, responsable des routes cantonales au Service des infrastructures, les tracés situés sur le territoire ajoulot sont en moins bon état que ceux du reste du canton. De nos jours, 211 kilomètres de routes se situent en Ajoie, 118 dans le district de Delémont et 111 aux Franches-Montagnes, pour un total de 444 kilomètres jurassiens. «A ces chiffres s’ajoutent encore 59 kilomètres de routes communales que nous entretenons sur la base de conventions», précise-t-il. Mais quelles sont les raisons qui expliquent cette malheureuse particularité ajoulote? Pour Yves-Alain Fleury, difficile d’en être convaincu, mais il expose diverses hypothèses: «La charge de trafic peut détériorer les routes, mais aussi les intempéries. Rappelons par exemple qu’en Ajoie, il y a eu passablement de pluies l’année dernière.»
Le responsable, s’appuyant sur les statistiques, relève un second point: «Le rapport d’État précise que les routes sont détériorées partout dans le canton, mais nous manquons clairement de ressources pour entretenir correctement tous ces tracés. Comme nous trouvons passablement de tronçons en Ajoie, nous sommes obligés de mettre des priorités sur certains axes de notre réseau, d’investir de l’argent en fonction de l’importance des routes, du nombre de véhicules qui les empruntent. Exemple: nous avons un gros projet sur l’H18, aux Franches-Montagnes.»
«Passablement de points négatifs»
Pour ceux qui s’offusqueraient de tels propos, il ne faut pas omettre une autre particularité régionale, selon le Jurassien: «Ce que la population ne voit pas, c’est que nous investissons tout de même pour les ouvrages d’art en Ajoie, comme actuellement le pont Saint-Germain, ou auparavant celui au Faubourg Saint-Germain, celui à la rue Xavier Stockmar, ou encore à Lugnez en direction de Courcelle. Passablement d’investissements concernent le district, mais moins pour les routes à proprement parler.» Yves-Alain Fleury énumère tout de même des chantiers de réfection de routes ajoulotes ces dernières années comme le tronçon Porrentruy-Alle, ou encore la rue Trouillat dans le chef-lieu.
Qu’en est-il d’ailleurs des points noirs actuels du district? Notre interlocuteur cite plusieurs exemples de routes en mauvais état parmi tant d’autres: les tracés entre Bonfol, Beurnevésin et Lugnez; la zone de Montignez; la traversée de Boncourt; la route de Courgenay à Porrentruy; le tronçon entre Rocourt et Réclère; le col de la Croix du côté du Clos du Doubs; et la route entre Saint-Ursanne et Soubey.
L’état des routes acceptable
Mais quelles sont les solutions face à cette situation complexe? «Ce que nous tentons de mettre en place, c’est de refaire les revêtements, la couche d’usure sur laquelle les véhicules roulent. Si les travaux sont réalisés suffisamment tôt, nous pouvons maintenir les routes un peu plus longtemps.» Mais ce n’est pas aussi facile, comme il le rappelle: «Encore une fois, il faut avoir un certain montant à disposition, qui n’est actuellement pas suffisant.»
Penchons-nous d’ailleurs sur les chiffres. Dans son budget 2023, le canton prévoit 10,3 millions de francs pour les investissements sur route. «Concernant la maintenance en Ajoie, c’est-à-dire les gros travaux d’entretien des ouvrages et routes, nous avons compté 1,5 million, contre 700 000 du côté de Delémont et 600 000 des Franches-Montagnes.» Autre exemple: soulignons le montant du chantier du pont Saint-Germain, estimé à 2,5 millions. «Quand nous engageons dans un budget une grande partie pour un seul ouvrage, il est clair que nous ne pouvons pas nous occuper de beaucoup d’autres», déplore le responsable, qui poursuit: «Dans les années à venir, nous avons l’intention tout de même de nous occuper des routes en Ajoie, pas seulement des ouvrages comme c’était le cas jusqu’à aujourd’hui. Mais c’est parfois difficile. Par exemple, en raison des travaux du pont Saint-Germain, nous n’avons pas pu nous occuper du tronçon de Courgenay à Porrentruy, comme les voitures y passent en raison de la déviation mise en place. Nous avons désiré échelonner les chantiers pour éviter que la circulation ne cesse dans le chef-lieu.»
Yves-Alain Fleury résume, comme mot de la fin: «L’état de nos routes est acceptable. Toutefois, plusieurs tronçons peuvent être critiques, nous devons nous en occuper. Il faut savoir que le canton du Jura possède un grand réseau routier par rapport à sa population: le nombre de kilomètres de routes par habitant est donc élevé, plus important que pour de nombreux autres cantons. Nous n’arrivons donc pas à dégager suffisamment de moyens pour entretenir toutes nos routes.»
Kathleen Brosy
Les effectifs en détail
Qu’en est-il du nombre de personnes actives sur les routes du canton? Pour l’entretien de celles-ci, ils sont au total 32 cantonniers avec trois chefs de région à s’occuper du fauchage, balayage, petit entretien, suivi des travaux, service de piquet pour les dangers sur nos routes ou encore du service hivernal et de nombreuses autres tâches, ce qui représente 15 employés pour l’Ajoie. KB