
PORRENTRUY A partir de ses collections, le Musée de l’Hôtel-Dieu de Porrentruy présente actuellement une galerie de portraits de femmes et d’hommes de la région, déjà célèbres ou peu connus. Illustrés en peinture ou en photographies, les représentations de l’exposition programmée jusqu’au 3 septembre dressent un panorama des personnalités qui ont fait l’histoire de Porrentruy, de l’Ajoie et du Jura.
Ce sont quelque 150 représentations identifiées de régionaux issues des collections du Musée de l’Hôtel-Dieu (MHDP) que les plus curieux peuvent découvrir jusqu’à début septembre: parmi celles-ci des peintures, caricatures, autoportraits, photos et clichés de groupe. «Il s’agit principalement de personnalités bruntrutaines et ajoulotes qui ont dépassé les frontières du district en termes de notoriété, comme Thurmann ou Stockmar», indique Anne Schild, conservatrice. Notons que sur place, des QR codes renvoient aux biographies en ligne de certains auteurs et modèles, grâce à une collaboration avec le Dictionnaire du Jura (diju).
Au 18e siècle, des personnages issus de l’administration princière ou de la bourgeoisie, qui reflètent la hiérarchie sociale de l’époque, se dévoilent dans des poses formelles et statiques ainsi que des habillements riches et ornés. «Il fallait en effet posséder un certain degré de notoriété et surtout de la fortune. Il s’agissait de la seule manière de garder la mémoire d’une personne avec un certain statut socio-culturel. Le portrait était considéré comme un moyen de représenter la noblesse et la bourgeoisie dans la vie quotidienne, avec une attention particulière accordée aux vêtements et accessoires.» Souvent mis en scène, les portraits sont généralement réalisés en studio, avec des fonds sombres ou neutres afin de mettre en valeur les sujets. Au 19e siècle cependant, comme le relève Anne Schild, les portraits commencent à évoluer vers un style plus réaliste et moins formel, une conséquence de l’influence de la philosophie des Lumières et de l’intérêt croissant pour la psychologie individuelle. Les artistes cherchent alors à représenter leurs sujets dans des poses naturelles et à capturer leur personnalité unique. Les portraits sont parfois réalisés en plein air ou dans les intérieurs domestiques, avec des couleurs plus lumineuses et des détails plus fins. Des effets de lumière et d’ombre sont ajoutés pour créer un sentiment de profondeur et de réalisme. C’est notamment le cas des œuvres de Joseph-Mathias Negelen, «sans doute le plus doué des portraitistes jurassiens au 19e siècle», et dont plus d’une trentaine de tableaux se trouvent dans les collections du MHDP.
La révolution de la photographie
Avec l’invention de la photographie, les peintres de portraits doivent se renouveler et inventer une manière de se distinguer de la reproduction pure de la réalité que le nouveau média leur a dérobée. Soulignons en ce sens qu’un large panorama de l’exposition est consacré au portrait photographique qui, dès son apparition au milieu du 19e, révolutionne le monde.
A Porrentruy, plusieurs ateliers professionnels ouvrent leurs portes dès la fin du 19e siècle. L’un des plus importants est celui de Jean Husser (1844-1928), créé vers 1970. Ses fils se joignent à lui à la fin du siècle et au vu du succès de l’entreprise, l’Ajoulot ouvre des succursales à Audincourt, Delle, Laufon, Saignelégier ou encore Lucerne.
Un autre ensemble photographique exposé contient de nombreux portraits d’Albert Perronne, qui capture à l’époque les personnages de son entourage. Notons également le fonds Ernest Leuenberger qui a légué sa collection de négatifs allant des années 1946 à 1985 au MHDP, ou encore celui de Joseph Gusy. Oui, il y a bel et bien de belles histoires à découvrir dans le cadre de cette exposition.
Kathleen Brosy
Ouverture du mardi au dimanche, de 14h à 17h. Une visite commentées publique se tiendra le dimanche 27 août à 15h. Plus d’informations sur le site du musée.