PORRENTRUY Notre région abonde en galeries et musées. Mais qui sont les gens qui les animent? Début 2019, nous sommes partis à leur rencontre pour une nouvelle série. Premier épisode avec Pierre Maurer et son complice William Hunt.
Au n°17 du Faubourg de France, à Porrentruy, un drapeau flotte souvent au-dessus de la porte. Espagnol lors de notre visite, il a dans le passé été japonais, haïtien, serbe, malien, albanais… C’est à chaque fois un clin d’œil du maître des lieux, Pierre Maurer, à l’exposition qui se tient entre les murs de sa Galerie du Faubourg. C’est aussi un signe de la vision qu’il cultive pour cet espace, qu’il veut multiculturel et ouvert sur le monde, en même temps que solidement ancré dans sa région. Car le drapeau peut aussi être suisse ou jurassien.
Depuis sa création, la Galerie du Faubourg en a vu défiler quelques dizaines, des drapeaux et des artistes. C’est en 2015 que tout a commencé. Au rez-de-chaussée du bâtiment dont il est propriétaire, Pierre Maurer exploitait alors avec son épouse un magasin qui de son propre aveu «ne marchait pas très fort». C’est à cette époque qu’il rencontre l’artiste bruntrutain William Hunt. «Il m’a dit: « J’ai des tableaux à exposer ». Je lui ai répondu: « J’ai les murs! »» C’est ainsi que le premier vernissage à la Galerie du Faubourg a eu lieu en juin 2015.
Les talents cachés des artistes d’ici
Tout s’est ensuite enchaîné sans difficulté apparente grâce à la complicité qui unit les deux hommes – car c’est ensemble qu’ils sélectionnent les artistes, assurent la promotion et même le gardiennage des expositions – et au carnet d’adresses bien fourni de Pierre Maurer. Au rythme d’une exposition par mois (trois semaines d’ouverture, une semaine de pause), la Galerie du Faubourg a présenté en trois ans et demi des œuvres de diverses natures: peintures, sculptures, photographies, projections vidéo.
Mais «nous ne sommes pas une galerie fourre-tout», prévient le maître des lieux. «Nous recherchons la qualité et l’originalité. On essaye par exemple de ne montrer que des choses qui n’ont pas encore été vues ailleurs.» Plusieurs artistes d’ici leur doivent ainsi leur première exposition. C’est le cas de Landin Gonzalo, mécanicien bruntrutain d’origine espagnole qui conçoit des sculptures en matériaux de récupération. C’est aussi celui d’Al Kol, Laurent Voirol de son vrai nom, un autre Bruntrutain qui crée depuis vingt-cinq ans en autodidacte.
De beaux projets
Mais on l’a dit, la Galerie du Faubourg se veut aussi ouverte sur le monde, avec une prédilection pour les artistes des Balkans, où Pierre Maurer a vécu longtemps, et d’Afrique, d’où son épouse est originaire. La galerie bruntrutaine occupe ainsi une place à part dans la galaxie des espaces d’art jurassiens et même nationaux: «De l’art contemporain congolais, personne d’autre en Suisse ne montre ça, commente Pierre Maurer. À part une galerie bâloise, mais c’était après nous.»
Sans grands moyens, sans soutien financier non plus («Mais les maires de Porrentruy, l’ancien comme l’actuel, ont toujours été présents ou représentés à nos vernissages. Le ministre de la Culture est venu plusieurs fois aussi», souligne Pierre Maurer), la Galerie du Faubourg va donc son petit bonhomme de chemin, avec le plaisir comme moteur principal. Mais «on envisage de passer la vitesse supérieure», note tout de même le maître des lieux. Quelques noms célèbres en Suisse, voire au-delà, figurent sur la liste des exposants potentiels: un ancien conseiller national ami de Che Guevara et un dessinateur de presse fondateur de Vigousse, entre autres. La Galerie du Faubourg n’a pas fini de nous surprendre.
Claire Jeannerat
Article paru dans notre édition abonnés n° 480 du 17 janvier 2019
D’autres galeries dans le district de Porrentruy? Elles ne manquent pas. Le Journal L’Ajoie leur avait consacré une série en 2019. Retrouvez les autres articles ici:
La Galerie des Annonciades, à Saint-Ursanne
La Galerie-Artothèque Le LAC, à Porrentruy
La Galerie du Sauvage, à Porrentruy
