Pour quelques gouttes de sueur

Eve Chariatte
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PORRENTRUY Donner de sa personne, s’investir avec détermination, transpirer sans compter. Pour Eve Chariatte, danser, c’est un peu tout ça à la fois. Retour sur le parcours d’une artiste ajoulote en pleine évolution, au lendemain de la première de son spectacle SUONS!, en 2019.

Elle parle comme elle danse, Eve Chariatte. Avec force, légèreté et ce petit quelque chose qui ressemble comme deux gouttes d’eau à de la passion. Ou plutôt comme deux gouttes de sueur en l’occurrence. Au lendemain de la première de SUONS!, sa nouvelle œuvre chorégraphique, et encore un peu perdue dans la zone de transition qui plane entre la fin de la phase de gestation d’une production et sa réalisation en vrai sur scène, l’artiste bruntrutaine se replonge dans le parcours qui l’a menée jusqu’ici. «J’ai pas mal bougé ces dernières années. En fait, je crois que je fonctionne en cycles de deux ans. C’est un rythme qui me va bien, qui me permet de développer des projets sans m’installer dans une routine. Une manière de continuer à apprendre sans non plus trop me disperser.»

SUONS!, la nouvelle œuvre chorégraphique d’Eve Chariatte (en arrière-plan). © Pierre Montavon

À la suite d’une formation classique dans les salles de danse de l’École-Atelier Rudra-Béjart, elle met le cap sur Salzbourg. Elle s’éloigne alors radicalement des entrechats et des arabesques pour embrasser un pan plus contemporain de son art. Quelques pas plus tard, elle met à nouveau les voiles et se retrouve à Vienne. «C’est là que tout à vraiment commencé pour moi. Que je suis passée d’étudiante à danseuse. On était plusieurs jeunes diplômés et on a utilisé cette ville qu’aucun d’entre nous ne connaissait, où l’on parlait une langue qu’aucun de nous ne parlait vraiment, comme un laboratoire.»

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Un métier, plus qu’une passion

Eve et ses comparses fondent une compagnie, le Trigger Track Collective, se frottent à la production, à la diffusion. Au monde réel de la danse. De quoi passer quelques nuits blanches et offrir son lot de matière à réflexion. «Souvent la danse, comme l’art en général d’ailleurs, est perçue soit comme un passe-temps, soit comme une passion. Les gens disent toujours: « Tu as de la chance toi, tu vis de ta passion. » Sauf que je ne vis pas sur un nuage. Pour en vivre, je dois, comme dans tous les jobs, faire des choses qui ne sont pas forcément épanouissantes. Pour moi, la danse, c’est un métier. Un métier que j’adore, mais un métier quand même.»

Suite à cet épisode autrichien, «très dur mais tellement riche», Eve Chariatte revient en Suisse, y développe quelques projets puis repart à Montpellier, où elle deviendra chorégraphe. «C’est une suite logique, une envie de toujours, que j’ai vraiment assumée à ce moment-là.»

Entre danse et chorégraphie

Aujourd’hui, le quotidien d’Eve Chariatte se partage donc entre la danse et la chorégraphie. Sans parler de tout l’aspect «production», intrinsèquement lié à son activité indépendante. «Gérer des projets, puis simplement prendre part à d’autres en tant que danseuse, me permet de garder un certain équilibre. C’est très bien comme ça.» Et SUONS!? «C’est un spectacle qui me tient à cœur, qui réunit et exprime beaucoup de choses très intimes, que ce soit au niveau de ma vie personnelle ou de mon approche de la danse. Et c’est aussi un énorme travail d’équipe réalisé par des danseuses et des danseurs incroyables.»

Sébastien Fasnacht

Article paru dans notre édition abonnés n° 501 du 13 juin 2019

Eve Chariatte est actuellement (septembre 2020-février 2021) en résidence dans l’atelier d’artiste du Canton du Jura à Bruxelles. Retrouvez-la dans notre édition abonnés n° 573 du 10 décembre 2020.

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