DISTRICT La Police cantonale jurassienne a présenté les statistiques de la criminalité pour l’année 2022. A retenir notamment: les vols par effraction ont augmenté de 35%. Le commandant bruntrutain Damien Rérat revient sur ces chiffres.
197, c’est le nombre de vols par effraction comptabilisés dans le canton du Jura en 2022, contre 146 l’année d’avant, soit une augmentation de 35%. Damien Rérat, commandant de la Police cantonale jurassienne depuis 2014, explique cette hausse: «Les cambriolages en Ajoie et dans la vallée de Delémont ont fortement augmenté dès le changement d’heure, lorsque la nuit s’est mise à tomber plus rapidement. Les habitations ont été visitées à partir du milieu d’après-midi, en soirée et durant la nuit, et ceci jusqu’à la fin février de cette année.» Mais pourquoi spécifiquement dans le district ajoulot? Selon le Bruntrutain, il n’y a aucun doute: en raison de sa proximité avec la frontière. Les identifications et arrestations effectuées montrent clairement que la plupart des cambriolages ont été commis par des professionnels itinérants originaires principalement des pays de l’Est. «C’est un phénomène cyclique déjà connu par le passé. Lorsque nous réussissons à casser une ou deux bandes, nous sommes tranquilles pendant un certain temps, puis elles refont surface et circulent à nouveau.».
Notons qu’avant 2021, ces infractions étaient plutôt à la baisse, reprenant l’ascenseur en 2022. Damien Rérat indique cependant: «Nous sommes tout de même loin des chiffres que le canton a connus dans les années marquées par le printemps arabe. En 2013 par exemple, nous avons comptabilisé 603 cambriolages, soit un tiers de plus. Mais un cambriolage reste un cambriolage de trop, et ces évènements sont traumatisants pour les victimes.»
La Police cantonale jurassienne rappelle certains bons gestes pour éviter les cambriolages: toujours fermer sa porte à clé mais également ses fenêtres, simuler une présence avec un éclairage géré par une minuterie ou encore informer ses voisins en cas d’absence prolongée.
Au niveau cantonal, en détails
Au niveau jurassien, d’autres chiffres sont relevés par Damien Rérat. Les infractions du Code pénal, dont les cambriolages font partie, ont d’une manière générale augmenté de 9% (avec 3017 violations en 2022) contre 10% à l’échelle du pays: «Il s’agit d’un phénomène suisse qui se répercute à l’échelle du canton.» Les infractions liées à la Loi sur les stupéfiants sont quant à elles restées globalement stables (+2%) avec 319 affaires. «Nous pouvons affirmer que nous n’avons pas de problème important de stupéfiants dans le canton, ce que nous avons vécu par le passé avec un trafic de crystal meth. La situation est sous contrôle. Nous rencontrons uniquement une problématique récurrente de petit trafic et de consommation.», précise le Bruntrutain. Quant aux infractions à la Loi sur les étrangers et l’intégration (LEI), elles ont évolué de manière substantielle. Ce sont majoritairement celles pour des entrées, sorties ou séjours illégaux (+69%) et des absences d’autorisations pour exercer une activité lucrative (+108%), qui ont augmenté. «La raison de ce bon provient de la hausse du flux migratoire. Il s’agit d’une corrélation logique.»
Qu’en est-il des violences domestiques? Elles ont vécu une baisse de 7% sur l’ensemble du territoire cantonal, contre une augmentation de 3% au niveau national. «D’un côté, il s’agit d’une source de satisfaction car nous avons enfin réussi à faire redescendre la courbe. Toutefois, nous sommes toujours dans des chiffres trop hauts, avec 210 cas en 2022.» La raison de cette inversion de tendance? Une prise de conscience générale, un travail réalisé dans le domaine de la prévention par la Police cantonale et d’autres organismes.
Bond de la cybercriminalité
S’agissant des autres infractions avec violence, aucun homicide n’a été comptabilisé dans le canton, mais deux tentatives dont une à Courgenay. Les lésions corporelles graves se montent quant à elles à six, contre deux l’année d’avant. Au niveau des brigandages, c’est-à-dire des vols avec violence, Damien Rérat souligne: «Nous n’avons jamais enregistré des chiffres aussi bas, avec deux cas en 2022. Nous nous réjouissons de cette diminution.» Autre point intéressant relevé: les infractions de mineurs sont en baisse, avec 90 cas commis, contre 104 en 2021.
Quant à la cybercriminalité, celle-ci est toujours en hausse, avec un bond de 34% (237 affaires en 2022) contre 20% au niveau national. L’Ajoulot ne se fait aucune illusion: ces chiffres continueront de progresser.
Kathleen Brosy