Science de la lumière, lumière sur la science

Gonzague Rebetez, dans son laboratoire de l'université de Berne, travaille avec des appareils de mesure de la lumière. Crédit: Luc Vallat © Editions L’Ajoie SA
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PORRENTRUY Physicien et chimiste bruntrutain, Gonzague Rebetez a récemment déposé son doctorat à l’université de Berne. Pour lui, si «la lumière est une énergie, elle est avant tout le premier moyen pour l’homme de comprendre ce qui se passe autour de lui». Mais elle est aussi une forme d’art. Portrait d’un académicien ne manquant pas de projets, qu’ils soient scientifiques ou grand public.

E nfant dyslexique et hyperactif, Gonzague Rebetez a pu compter sur une maman qui a œuvré à la mise en place de mesures d’accompagnement dans le canton. «L’école primaire a été plus difficile pour moi que la suite de ma scolarité», confie Gonzague, pour qui les
sciences ne sont à l’origine pas une passion, mais un champ de curiosités comme un autre. En effet, s’il étudie la biochimie au lycée cantonal de Porrentruy, il s’intéresse
aussi au français, à la géographie et à l’histoire. C’est d’ailleurs dans cette dernière discipline qu’il réalise son travail de maturité, pour lequel il filme et analyse des interviews d’activistes du groupe Bélier. Son intérêt pour cette matière lui vient notamment de son papa, docteur en histoire, qui propose volontiers de petites visites guidées de la
région aux amis cosmopolites rencontrés par Gonzague le long de son parcours académique.

De Porrentruy à Israël

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Gonzague rejoint l’université de Fribourg en biochimie, science des réactions du vivant demandant une bonne dose d’apprentissage par cœur. Jugeant sa mémoire «terrible», il réoriente son bachelor vers la chimie, discipline «cherchant à comprendre le monde à partir de quelques mécanismes». Pour le master, il se spécialise dans une branche encore plus fondamentale, la physique-chimie, précisant que «tout vient des forces fondamentales, au niveau moléculaire et atomique». Arrivant à la fin de son cheminement académique fribourgeois, il part à l’institut Weizmann, en Israël, afin de réaliser son travail de master consacré à «la recherche fondamentale sur l’interaction de la lumière avec les nanoparticules». Un intérêt pour la lumière qu’il développera dans un doctorat le menant
à travers le globe.

Un terrain de jeux académique

«La recherche, c’est super rigolo, car tu as une grande liberté qui pousse ta créativité. L’important, c’est d’avoir des idées. Mais une fois que tu as joué, il faut fournir des résultats.» Voulant vérifier ce constat sur le long terme, Gonzague s’engage donc dans un doctorat à l’université de Berne, en 2018. En mai 2022, il dépose une thèse intitulée Spectroscopic Investigation of the Ionic-Electronic Coupling: The Case Study of PEDOT:PSS. Derrière ce titre un peu cryptique, le chercheur a construit de nouveaux instruments de mesure pour étudier la bioélectronique: «C’est une technologie qui permet de traduire la biologie en signal électronique; on peut par exemple mesurer l’entrée d’un virus dans une cellule. Comme c’est assez nouveau comme technique, il y a encore beaucoup de questions en suspens. En utilisant la lumière comme une sorte de loupe, on peut répondre à certaines d’entre elles.» Les recherches de Gonzague et de ses collègues étant novatrices, elles intéressent, ce qui permet au scientifique de voyager, notamment
en Espagne, en Angleterre ou aux Etats-Unis.

L’art et la lumière

Pour la suite, si le scientifique étudie l’option de se lancer dans un post-doctorat, ses projets immédiats seront plus artistiques, puisqu’il a des carnets remplis d’idées d’exposition art-science. Expositions, galeries, lumières de spectacle, vulgarisation, autant de projets que cette personnalité hyperactive mènera en parallèle d’un contrat à temps partiel à l’université de Berne. Un dernier souhait? «J’aimerais bien faire des expositions dans le Jura, car cela amuse les gens et montre une certaine diversité.»

Luc Vallat

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