Sironi: un demi-siècle et de nombreux défis pour l’architecture ajoulote

Après cinquante ans d’existence, l’entreprise Sironi est désormais bien ancrée dans le tissu économique ajoulot. ©Coralie Sironi
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PORRENTRUY En 2021, le bureau d’architecture Sironi, installé dans le chef-lieu du district, a fêté son cinquantième anniversaire. L’occasion de dresser un bilan. Coralie Sironi évoque les débuts de l’entreprise créée par son père en 1971, les clés du succès et les questions qui vont se poser dans les années à venir.

Le métier d’architecte a connu de profonds changements ces dernières années. Selon la directrice Coralie Sironi, ces mutations conditionnent en partie l’avenir du métier. «Quand on parle d’architecture, les gens pensent que nous dessinons uniquement le bâtiment. Mais cela va beaucoup plus loin: nous accompagnons le client du début à la fin du processus», explique-t-elle.

Le métier a connu divers changements ces dernières années. «Mon père a fondé l’entreprise Sironi en 1971. Lorsqu’il est arrivé à la retraite, comme aucun employé ne se destinait à reprendre les rênes, c’est tout naturellement que j’ai pris la décision de racheter la société et de reprendre le flambeau.», se souvient-elle. Un changement de voie réussi, puisque l’entreprise se porte très bien aujourd’hui. «Plus récemment, nous avons dû gérer le départ de Vital Schaffter, qui était à la direction. Nous avons remarqué que certaines forces dormaient au sein de l’entreprise et nous les avons rendues plus vives, afin d’assurer une suppléance tout en douceur.» En 2021, Coralie Favre et Yann Ballesteros se sont par ailleurs associés à Coralie Sironi, composant ainsi un trio dynamique et passionné. 

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Gentrification et manque de reconnaissance

Aujourd’hui, alors que l’entreprise a su se diversifier bien au-delà des maisons individuelles, Coralie Sironi, en tant qu’experte immobilière, est bien placée pour nous parler des défis que soulève actuellement le monde bâti. Elle s’inquiète de l’agrandissement territorial de la ville de Porrentruy: «De nombreux logements sont construits en périphérie alors qu’il existe de vrais bijoux qui se vident au centre-ville, qui mériteraient d’être rénovés et habités à nouveau», regrette-t-elle. Il s’agit d’un véritable problème sociétal, puisqu’une ville ne progressant plus en nombre d’habitant devrait, en théorie, cesser de s’étendre sur la campagne avoisinante et que la politique environnementale nous pousse à assainir les anciens bâtiments.

Une autre question qui se pose est celle de l’avenir même du métier d’architecte. «Le Jura est l’un des derniers cantons où notre profession n’est pas reconnue, explique Coralie Sironi. Si un boucher, par exemple, veut ouvrir un cabinet d’architecte sans aucune formation, il peut le faire sans souci.» Les clients aussi auraient tout à gagner d’une reconnaissance du métier. «On se retrouve avec des particuliers qui font confiance à des pseudo-sociétés d’architectes, lesquelles disparaissent quelques mois plus tard, laissant en suspens des malfaçons. Il est souvent trop tard pour solutionner les problèmes dans la construction…»

Chercher à s’améliorer en permanence

Devant ces nombreux défis, Sironi tente de se distinguer par un souci du travail bien fait. «Nous comptons sur des collaborateurs très sérieux à des postes-clés, explique Coralie Sironi. À l’avenir, nous voulons bien sûr obtenir le plus de mandats possible, mais aussi nous améliorer sans cesse pour rester toujours à la page. Pour cela, il nous faut une bonne structure, une souplesse et une ouverture d’esprit.» L’architecte domiciliée à Boncourt évoque aussi le changement de génération, qui a déjà commencé, notamment avec les deux nouveaux associés, et l’importante formation de la relève.

À l’heure actuelle, la capacité d’adaptation fait aussi partie des qualités indispensables. «Nous ne devons pas nous reposer sur nos lauriers, car rien n’est acquis, lance-t-elle. Il nous faut tout mettre en place pour avoir les outils et l’infrastructure nécessaires pour bien faire notre métier.» Après cinquante ans d’existence, la formule a fait ses preuves chez Sironi. 

Maxime Rérat

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